BLUES DE PARIS
MOVE IT !
Autoproduit – Le Baron 75003/1
Broken wrist, Cavalaire stomp, Barrelhouse blues, Sliding boogie, Rainy day boogie, You gotta move, Big mama’s running, Slow train, Just because, In-go stomp, Workin’ man boogie, Cocotte boogie, Blues oh blues, Rumba boogie.
Lorsque François Fournet, talentueux guitariste passionné de blues, rencontra Christian Ponard, autre guitariste présentant les mêmes symptômes, ils se retrouvèrent, embusqués derrière leur guitare, pour se livrer aux joies du duo fraternel. L’exercice se révéla si convaincant que, pour en renforcer l’efficacité, les deux complices accueillirent un autre duo, rythmique cette fois, bassiste et `drummer’. Ainsi naquit, en 2005, Blues de Paris dont le premier album, enregistré peu après, se révéla une bonne réussite signalée par une chronique du Bulletin 560. Vient de paraître le second album du groupe, datant de décembre 2011, qui se révèle plus remarquable encore. Même si les références à certains maîtres ès blues demeurent, la part de thèmes signés François Fournet devient importante dans ce nouveau recueil qui présente une réjouissante variété. Il débute avec Broken wrist, conjurant la catastrophe accidentelle qui, l’an dernier, brisa les deux poignets du chef. La musique nous rassure immédiatement, les deux mains fonctionnent à merveille et la guitare développe calmement son discours passionnant avec une sérénité et une décontraction totales en s’appuyant sur l’impitoyable pulsation de la contrebasse d’Enzo Mucci et de la batterie de Simon Boyer. Sur un tempo semi-lent voisin, Slow train sonne tout aussi superbement, mais dans un climat complètement différent. Plusieurs titres, tous dus à François Fournet, se déroulent de manière emballante sur un tempo plus ou moins vif, à commencer par Cavalaire stomp où la guitare enchaîne les phrases élégantes et les rifs impérieux balancés avec un swing irrésistible. De même, Rainy day boogie swingue furieusement, propulsé par la batterie et surtout la contrebasse avec une impulsion extraordinaire. La guitare se montre particulièrement mobile, captivante et insistante dans Workin’ man blues, avec batterie bien en évidence : laconique et terriblement efficace dans Big mama’s running, toujours avec rythmique euphorique ; exubérante dans Cocotte boogie ; éloquente dans Rumba boogie où les chorus s’alignent avec aisance et brio. Christian Ponard se trouve en vedette sur Sliding boogie dans lequel, avec enthousiasme, il chante en scat et utilise le slide comme le titre l’indique. Dans You gotta move, il interprète avec émotion ce blues en tempo lent de Fred McDowell d’un ton accablé, résigné. Trois plages sont chantées brillamment par Gabi Schneider, qui possède une voix fort expressive, au parfait timing et d’une décontraction confortable. Elle salue Ma Rainey dans Barrelhouse blues au feeling rayonnant et aussi dans Blues oh blues (seul titre enregistré antérieurement) à l’accent nostalgique. Dans un registre différent, Just because, au ton enjoué, swingue plaisamment, toujours avec l’assistance attentive d’un entourage rebondissant. En deux mots : superbe album ! (A. V.)
André Vasset (Bulletin du HCF N°612 – Juin/juillet 2012, page16)